Position EELV Montrouge sur l’enquête publique préalable à la rénovation de la D920
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Axe majeur au sud de Paris, le tronçon nord de la Route Départementale 920 se caractérise actuellement par l’insécurité routière et par la coupure qu’il entraîne au sein des villes qu’il traverse. L’enjeu du projet de réaménagement financé par les départements des Hauts-de-Seine et du Val-de-Marne est d’en faire pour les 30 à 40 années à venir une voie adaptée aux conséquences du dérèglement climatique et propice au développement des mobilités actives. Indubitablement, la RD920 a besoin d’être végétalisée et sécurisée pour tous ses usagers.

Le département des Hauts-de-Seine, qui pilote le projet, l’a présenté comme visant à améliorer la situation en termes d’attractivité, de bien-être et de transition écologique. Ces deux derniers principes en particulier nous semblent prioritaires. Toutefois, ils ne nous semblent pas suffisamment incarnés dans le projet proposé dans cette enquête. Un certain nombre de points doivent être améliorés pour répondre aux besoins des usagers et des riverains de la RD920 du point de vue des mobilités, des nuisances ou de la végétalisation.

La RD920 présente aujourd’hui des nuisances qui la rendent difficile à vivre pour les riverains et périlleuse à emprunter pour les piétons, les bus ou les cyclistes du quotidien.

– La présence de 4 voies dans chaque sens de circulation fait de la D920 une autoroute urbaine que la vitesse et la densité de trafic rendent particulièrement dangereuse pour les piétons qui traversent ou les vélos qui cheminent. Les fréquents embouteillages ralentissent les dessertes de bus. L’étude d’impact indique que la RD920 supporte un trafic moyen journalier de 39.300 à 45.000 véhicules par jour. En termes de transports en commun, la RD920 Nord accueille sur sa totalité ou sur un tronçon une dizaine de lignes de bus, qui sont très fréquentées aux heures de pointe.

– Les riverains endurent une pollution de l’air et sonore. Selon les documents étayant l’enquête publique, les mesures acoustiques réalisées le long de la RD920 indiquent des niveaux sonores élevés en façade des bâtiments compris entre 67 et 73 décibels le jour et 60 et 70 dB la nuit. L’OMS parle de troubles du sommeil, de troubles cardio-respiratoires accrus, de difficultés de concentration et de retard dans les apprentissages à partir de 40 dB la nuit et 50 le jour.

– Les arbres sont quant à eux trop peu nombreux (500) pour atténuer l’impact des épisodes caniculaires dans cette zone parmi les plus exposées de l’Île-de-France à l’effet d’îlot de chaleur urbain.

Nous proposons quelques modifications au projet proposé.

– La part belle faite par le projet aux stationnements de voitures mérite d’être revue. Les contre-allées, dont l’unique but semble être d’offrir des places de stationnement supplémentaires, renvoient les pistes cyclables dans une proximité forte avec les piétons, qui ne manquera pas de créer des conflits d’usages entre ces derniers et les cyclistes.

– Alors que les carrefours de la RD920 sont accidentogènes, aucun aménagement d’intersection adéquat n’est proposé dans le projet. La sécurisation des carrefours pour les piétons et les cyclistes doit être au cœur du projet ! Un carrefour « à la hollandaise » (permettant aux cyclistes de rester sur des pistes dédiées) à l’angle de la rue Gabriel Péri à Montrouge en serait l’illustration.

– Le réaménagement récent du tronçon Sud de la RD920 a déjà prouvé ses limites, comme cela a été rappelé lors de la réunion publique de présentation du projet à Bagneux en février 2022. Les pistes cyclables n’y sont pas dimensionnées pour faire face à l’accroissement du nombre de trajets à vélo observé depuis deux ans. Il convient d’en tenir compte en s’assurant que la dimension des pistes cyclables du tronçon Nord soit mise aux normes des pistes à haut niveau de service (largeur de 2m50, séparation physique du flux des voitures ainsi que du trottoir).

– L’argument de la densité des transports en commun, en particulier avec l’ouverture prochaine des gares de la ligne 15, ne justifie pas une diminution partielle de la place du bus sur la RD920. L’usage des bus, contrairement à celui des voitures individuelles, beaucoup moins performantes à de nombreux égards, ne nous semble pas voué à diminuer dans les prochaines années. Les bus doivent pouvoir circuler prioritairement jusqu’à la porte d’Orléans.

– L’exclusion à ce stade du projet de la place de la Vache Noire, articulation majeure entre Montrouge, Arcueil et Bagneux, n’est pas cohérente avec la volonté de réaliser un aménagement de qualité sur l’ensemble de la voie. Nous plaidons pour son intégration.

– Le comblement annoncé des passages souterrains ne correspond pas à une demande des habitants (à cet égard, le courrier du comité de quartier Montrouge Est mentionné par le porteur du projet ne nous semble pas représentatif). Il nous semble inutile et gratuit tout en générant une dépense financière et écologique. Le maintien des souterrains devrait être envisagé.

– Le projet d’abattage de 350 arbres n’est pas acceptable et démontre le manque de sérieux écologique. Il est possible de trouver des alternatives. L’abandon des contre-allées et la pérennisation de la coronapiste permettraient de sauvegarder ces arbres. La direction du projet a évoqué la détection de lésions importantes sur 40% des arbres et prévoit d’en abattre 75%. Le projet ne justifie pas l’abattage d’alignements d’arbres, qui doivent rester protégés ; il doit s’adapter à leurs tracés. Un diagnostic phytosanitaire de chaque arbre susceptible d’être abattu doit être établi. Les promoteurs du projet évoquent certes des plantations d’arbres avec un objectif de 617 arbres, mais cela ne compensera pas les services écologiques (biodiversité, CO2, ombrage, évapotranspiration, etc.) rendus par les arbres abattus. Les jeunes arbres sont plus fragiles face aux évènements climatiques intenses, en particulier sécheresses et canicules. Ces dernières vont se multiplier lors des années à venir, ce qui plaide pour la conservation des arbres déjà matures et résistants, du point de vue économique, esthétique et écologique.

Nous saluons la posture de dialogue adoptée par les départements des Hauts-de-Seine et du Val-de-Marne à l’occasion de cette enquête publique. Nous espérons qu’il s’agit d’une démarche sincère de co-construction dont le projet sortira considérablement modifié et amélioré.

Le groupe local d’Europe Écologie Les Verts à Montrouge

Pour référence : le site de l’enquête publique.