La municipalité de Montrouge a publié sur son site un projet de Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement (ou PPBE) pour consultation publique jusqu’au 9 novembre 2013. C’est un document important censé définir la stratégie à cinq ans suivie par la commune pour diminuer la nuisance causée par le bruit d’environnement.
Quelques rappels sur le PPBE : le PPBE est une obligation légale pour toutes les communes de grands ensembles urbains, découlant d’une directive européenne transposée en droit français en 2005. Le PPBE a vocation à dresser un état de la ville au regard du bruit environnemental, présenter un bilan des actions passées depuis 10 ans et préciser les actions prévues pour les 5 années à venir.
Le PPBE s’appuie sur une cartographie du bruit d’environnement réalisée par des experts et est actualisé tous les 5 ans. La cartographie du bruit repose essentiellement sur la mesure de deux indicateurs, définis au niveau européen : un indicateur dit LDEN (pour Day Evening Night) mesure le bruit global sur une période de 24 heures et un indicateur dit LN (pour Night) mesure plus spécifiquement la nuisance nocturne. Des seuils réglementaires ont été définis au niveau européen.
Pour Montrouge, les sources de bruit d’environnement sont essentiellement d’origine routière.
Bilan factuel : Montrouge est une ville bruyante : la cartographie du bruit d’environnement dressée par un cabinet d’experts est pour le moins inquiétante :
– 40% de la population (20900 personnes environ) vit dans des zones dépassant le seuil réglementaire pour le bruit global sur 24 heures (indicateur LDEN > 68 décibels)
– 20% de la population (9700 personnes environ) est exposée à un bruit nocturne dépassant le seuil réglementaire (indicateur LN > 62 décibels)
– 27 établissements sensibles (enseignement et santé) sont exposés au delà des seuils réglementaires
– plus de la moitié des 15 espaces verts recensés sont situés en zone bruyante.
En réponse à ce triste bilan, le projet de PPBE manque singulièrement de souffle :
– il apparaît comme une succession d’actions ponctuelles « colmatant les brèches » mais non reliées dans une stratégie d’ensemble à 5 ans et au delà; en cela, cette liste hétéroclite s’inscrit dans la continuité de ce qui se pratique depuis plusieurs années, la partie bilan depuis 10 ans du PPBE souffre d’une insuffisance d’évaluation des actions passées et d’un manque de réflexion globale;
– la programmation quinquennale 2013-2017 n’offre pas de vision concrète au-delà des travaux déjà programmés pour 2013-2014;
– les zones prioritaires identifiées sont, à juste titre, celles dont les deux seuils réglementaires (LDEN et LN) sont dépassés, mais aucune réflexion d’ensemble n’est amorcée pour les zones dont le seul LDEN (niveau bruit sur 24 heures) est « hors les clous réglementaires »;
– la municipalisation de la gestion des routes départementales est la mesure phare du PPBE, mais strictement rien n’est dit sur la stratégie suivie pour ces zones « récupérées ».
Et pourtant, de nombreuses pistes mériteraient d’être au moins analysées :
– aménagement de zones à vitesse réduite à 30km/h : cette piste très prometteuse identifiée par les experts dans l’annexe du PPBE n’est ni reprise ni même étudiée. Pourtant cet aménagement est relativement peu onéreux et pourrait être simplifié par la municipalisation de la gestion de certaines voies départementales. A noter au passage qu’il permettrait d’atténuer certaines incivilités en véhicules motorisés, sources de nuisances sonores très prononcées.
– prise en compte de la dimension bruit d’environnement dans le PLU, annulé en juin dernier. La procédure d’instruction du nouveau PLU est l’occasion d’intégrer une normalisation du bruit dans l’urbanisme.
– réflexion sur le plan de circulation de la ville de Montrouge pour réduire les nuisances sonores;
– mise en place au niveau municipal d’un accompagnement voire d’une facilitation pour des aides à la protection sonique pour les PME ou particuliers en relation avec des organismes comme l’ADEME;
– renforcement de la protection acoustique de certains espaces verts pour en faire des lieux plus calmes; priorité absolue à la préservation des zones entourant les quelques espaces verts actuellement calmes de Montrouge;
– verdissement ou plantation d’arbres sur certaines aires urbaines : si cette mesure est neutre pour la réduction effective du bruit d’environnement, elle permet notablement de changer la perception qu’ont les habitants de cet environnement sonore. Pour exemples, des espaces déserts et inhospitaliers situés en zone de bruit comme la place E. Cresp ou l’esplanade devant l’Aquapol y gagneraient certainement en convivialité.
Le projet actuel de PPBE manque singulièrement d’ambition et de perspective sur la façon dont on veut gérer le bruit à Montrouge dans les 5 ans à venir et au delà. Des pistes existent, elles doivent faire l’objet d’une analyse plus poussée.
Bref, il s’agit d’un projet, il n’est jamais trop tard pour mieux faire …
L’équipe EELV Montrouge