Fracture sociale en milieu urbain
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Les problĂ©matiques liĂ©es au logement peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es sous tous les angles du dĂ©veloppement durable : l’économique, l’environnemental ou le social. Depuis Ă  peu prĂšs 60 ans que nos gouvernements essayent de rĂ©pondre aux crises du logement qui se succĂšdent dans l’hexagone, l’enchevĂȘtrement de tous ces volets ne fait aucun mystĂšre. En admettant que la croissance des zones urbaines soit vraiment inĂ©vitable, il est permis d’en discuter, on peut d’ailleurs sans trop prendre de risque de se tromper, anticiper la perpĂ©tuation des problĂ©matiques actuelles pour les dĂ©cennies Ă  venir et mĂȘme l’accentuation des difficultĂ©s rencontrĂ©es.

Essayons alors de conjurer le sort et de proposer des alternatives aux politiques actuelles, des rĂ©ponses inspirĂ©es de notre conviction qu’il est possible de vivre mieux et en particulier de rĂ©duire la fracture sociale qui divise notre sociĂ©tĂ© en refusant Ă  une part croissante de la population l’accĂšs Ă  un besoin essentiel, quasi physiologique : un logement dĂ©cent.

Pour que la ville fonctionne il faut d’abord rĂ©ussir son intĂ©gration et celle de ses quartiers dans leur environnement. Comment peut-on espĂ©rer vivre en harmonie avec nos concitoyens si la ville est elle-mĂȘme crĂ©atrice de puissants clivages ? Montrouge est au cƓur de la mĂ©gapole parisienne peuplĂ©e de plus 12 millions d’habitants dont les destins sont forcĂ©ment liĂ©s. Dans ce gigantisme la tentation du repli sur soi est forte mais Ă  terme il favorise la peur et un sentiment d’insĂ©curitĂ©. Partout Ă  travers le monde fleurissent des ghettos (ghetto de riche ou ghetto de pauvre) sans mixitĂ©, sociale ou fonctionnelle et toute la difficultĂ© est de proposer aux français et en particulier aux montrougiens un modĂšle de dĂ©veloppement diffĂ©rent basĂ© sur l’intĂ©gration et la solidaritĂ©.

La loi de SolidaritĂ© et de Renouvellement Urbain (loi SRU) rĂ©pond partiellement Ă  cette problĂ©matique en imposant aujourd’hui 25% de logements sociaux aux communes de plus de 1500 habitants mais les rĂ©sultats sont encore mitigĂ©s et les rĂ©alitĂ©s trĂšs disparates. Pour Jean-Pierre LĂ©vy, spĂ©cialiste du mal-logement, il y a en France, 1,5 Ă  2 millions de mal logĂ©s et 100 000 SDF. Pour rĂ©pondre Ă  cette demande extrĂȘmement forte, 2 millions de logements se libĂšrent chaque annĂ©e, mais seulement 40 000 de logements sociaux destinĂ©s en thĂ©orie aux plus modestes. Le compte n’y est donc pas mais au delĂ  du constat simplement chiffrĂ©, pour que le logement social puisse jouer pleinement son rĂŽle d’amortisseur social il faudrait apporter des solutions concrĂštes Ă  de nombreux dysfonctionnements dont les associations font par ailleurs Ă©tat un peu partout dans l’hexagone : le manque de transparence sur les dĂ©cisions des commissions d’attribution de logement, la trĂšs faible rotation locative et dans le parc immobilier social, le trop grand nombre de PLAI (PrĂȘt Locatif aidĂ©s d’intĂ©gration), de PLUS (PrĂȘt Locatif Ă  Usage Social) par rapport aux PLS (PrĂȘt Locatif Social) pourtant destinĂ©s aux plus nĂ©cessiteux.

Il est donc urgent de rĂ©pondre par le nombre Ă  la demande de logement mais aussi qualitativement. Le mal logement est effectivement une rĂ©alitĂ© en France pour de trop nombreux foyers dont l’habitat mal isolĂ© est souvent Ă©nergivore voire insalubre. Il n’est pas acceptable et trĂšs inquiĂ©tant, sachant que le prix de l’énergie ne cesse d’augmenter de constater que certains foyers ont Ă  choisir entre le confort de base et d’autres besoins physiologiques. Sans compter que le mal logement c’est aussi l’insalubritĂ© des campements prĂ©caires qui surgissent un peu partout en Ile de France et dont le nombre est assez mal connu !

Le parc immobilier privĂ© reprĂ©sente plus de 80% des rĂ©sidences principales en France (locataires et propriĂ©taires). Les prix de l’immobilier privĂ© atteignent aujourd’hui des sommets que trĂšs peu d’élus choisissent de combattre ouvertement soit par conviction ou par aveu d’impuissance. Il en rĂ©sulte qu’une part de plus en plus grande de la population est exclue du marchĂ© et qu’on ne compte quasiment plus de primo accĂ©dants en Ile-de-France. Dans ce contexte extrĂȘmement hostile, ceux qui parviennent quand mĂȘme Ă  louer ou Ă  acheter rognent toujours un peu plus les autres postes de dĂ©pense pour pouvoir se loger. Aux confins du libĂ©ralisme et de la dĂ©rĂ©gulation il faudrait ĂȘtre sourd et aveugle pour continuer dans cette voie qui ne sert que quelques lobbies et une trĂšs mince minoritĂ© d’investisseurs.

Fort de ces constats, plus de 12 mois nous sĂ©parent encore des Ă©lections municipales en 2014, une pĂ©riode riche d’échanges et de mobilisations pour convaincre qu’il est possible en agissant localement de faire bouger les lignes, par la mise en Ɠuvre des politiques les plus ambitieuses de l’Etat pour la ville, en prenant toute la mesure des pouvoirs dĂ©centralisĂ©s des Maires en matiĂšre d’urbanisme et celui de fixer localement des objectifs ambitieux en matiĂšre de dĂ©veloppement durable.

Jean Denis LĂ©ger pour la commission logement EELV Montrouge