Nous, membres du groupe Montrouge Écologique et Solidaire au conseil municipal (CM) de Montrouge, soumettons cette observation à l’enquête publique dans un contexte particulier. Notre commune est partie prenante de ce projet de réseau de chaleur géothermique Malakoff-Montrouge depuis 2017. En décembre 2022, Étienne Lengereau, maire de Montrouge, fait volte-face sans en référer au conseil municipal, et refuse in extremis la participation de la commune à la société publique locale (SPL) devant exploiter le projet. Le 31 juin 2022, il fait voter par le conseil municipal de Montrouge l’expression par la commune d’un avis négatif sur les demandes d’autorisation qui font l’objet de cette enquête publique. Tous les groupes minoritaires du conseil municipal votent contre.
Après lecture des éléments de l’enquête publique, nous exposons ici nos arguments pour que ce projet se tienne malgré cette opposition de l’équipe municipale de Montrouge, qui la justifie ainsi dans la délibération de juin : « parce que le permis tel que déposé ne nous permettrait pas de réaliser notre propre projet ».
Des arguments d’ordre général appuient le lancement d’un tel projet dans l’absolu. Nous devons développer les énergies renouvelables pour atténuer le dérèglement climatique et profiter de co-bénéfices d’une autonomie énergétique accrue, dont la meilleure maîtrise de nos coûts de chauffage, l’amélioration de notre balance commerciale et la réduction des impacts géopolitiques négatifs du recours à des fournisseurs d’énergies fossiles qui utilisent cette manne pour alimenter leurs guerres, au Yémen, en Ukraine, en Arménie, etc. Plus tôt nous agirons pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, moins nous souffrirons d’événements climatiques extrêmes et d’une dégradation de la biodiversité.
D’autres arguments permettent de saisir l’importance du projet Malakoff-Montrouge en particulier. Il nous paraît vertueux, d’un point de vue montrougien, pour plusieurs raisons :
– La capacité du réseau de chaleur initialement envisagé à desservir de nombreux usagers dans cette ville très dense, et en particulier les bâtiments publics et les ensembles de logements sociaux de la ville.
– La forme publique retenue pour la société devant gérer le projet. Après quelques années d’exploitation, une fois l’emprunt remboursé, les actionnaires publics devraient en tirer des bénéfices financiers. En raison du caractère éprouvé des réseaux de chaleur géothermique exploitant l’aquifère du Dogger, et de la diminution du risque avec l’assurance, nous estimons qu’il s’agit d’un investissement de bon père de famille, qui comporte une part limitée de risque.
Enfin, la demande d’autorisation du permis minier du projet Malakoff-Montrouge, ou Malakoff-Châtillon, doit être appréciée en tenant compte du contexte d’un autre projet, ou projet de projet, évoqué par le maire de Montrouge. Il y a quelques semaines (cf. conseil municipal du 22 septembre 2022), ce dernier a passé commande d’une étude de faisabilité pour ce « projet alternatif », qui nous paraît peu pertinent et peu crédible pour plusieurs raisons :
– Le manque de motivation de l’équipe municipale sur ce sujet. Depuis 2017, elle fait traîner le projet existant. Nous avons appris que la réactivité de la ville de Montrouge aux demandes des autres acteurs du projet était limitée. Même en public, le maire exprime son manque d’enthousiasme pour cette question, évoquant le 10 décembre 2020 : « Le prix du gaz n’a jamais été aussi bas et donc l’énergie issue de la géothermie doit rester compétitive faute de trouver des débouchés. » (cf compte-rendu du CM disponible sur le site de la ville). S’il n’évoque plus cet argument du modèle économique, il évoque un projet alternatif qui ne repose sur rien de concret : pas d’étude disponible, pas d’emplacement connu pour l’usine géothermique, etc. Cela n’offre aucune garantie d’une mise en service dans un horizon convenable en regard des enjeux climatiques.
– Le manque d’anticipation des problèmes qu’illustre le conflit de modalités de gouvernance sur lequel bute la participation de Montrouge au projet. Le maire souhaite un droit de véto pour, par exemple, empêcher la SPL de conduire des travaux à certains moments, comme les années d’élection. Les représentants de Montrouge sur ce dossier n’ont pas su anticiper les points de blocage par rapport à leurs exigences. Ils auraient pu travailler à leur résolution ou en tirer les conclusions et se retirer à une étape convenable de la vie du projet, il y a plusieurs années. Il est à craindre qu’un futur projet ne pâtisse d’une imprévoyance.
– Le risque. Si le projet porté par le Sipperec est approuvé, un réseau exploitera depuis le stade Lénine de Malakoff la chaleur de l’aquifère du Dogger sous Malakoff et Montrouge. Cette ressource limitée ne pourra pas être exploitée par d’autres projets similaires. Un projet alternatif devra donc concerner d’autres profondeurs et des technologies moins maîtrisées.
– La défense d’une ressource publique. La commune, sous la houlette du maire, a délégué de nombreuses compétences au secteur privé. Nous craignons qu’Étienne Lengereau ne souhaite déléguer à une société privée la gestion d’une exploitation géothermique. Le recours à une technologie éprouvée comme celle prévue dans le projet Malakoff-Montrouge nous paraît justifier en particulier le recours à une forme publique d’investissement et d’éviter une privatisation d’une ressource publique.
Nous approuvons donc cette demande de permis minier et souhaitons que le projet se concrétise au plus vite. Nous invitons la municipalité de Montrouge à cesser de faire obstruction à ce projet. Nous l’invitons dans le même temps à demander à la SPL en charge du projet de pouvoir revenir parmi ses actionnaires, et donc à confier à nouveau au Sipperec la délégation de sa compétence géothermie.
Nous souhaitons que d’autres projets d’énergies renouvelables et notamment de géothermie puissent voir le jour dans l’avenir sur le territoire si les technologies et la géologie en offrent la possibilité.
Observation déposée au nom du groupe Montrouge Ecologique et Solidaire : Aurélien Saintoul, Gala Veloso et Cyril Pasteau.